Peau - de - sang d'Audrée Wilhelmy
Attention, ovni littéraire ! Peau de sang est un récit animal à la sensualité brute, qui pour le moins interpelle, décontenance voire déroute totalement. Autant au niveau de la forme qui brouille les repères habituels, que sur le fond effroyable qui rebute autant qu'il fascine. Les premières pages donnent le ton : on découvre une oracle pendue au milieu de ses oies, et comme elles, écorchée et vidée, mais qui, pour autant, entame le récit de son histoire en revenant quelques mois en arrière...
Au lecteur audacieux qui continuerait la balade, s'esquissera une histoire. Elle ne se donne pas au premières pages, elle se gagne, page après page. Un récit à rebours pour révéler les contours de cette mystérieuse femme.
Passé l'effroi du sang, des carcasses et au-delà de l'aura sulfureuse et de l'étrangeté de l'histoire, on se glisse imperceptiblement dans ce récit aux allures de conte sombre.
Il était une fois un village. Les hommes besognaient dur aux champs et dans la foret, les femmes travaillaient dur dans le village et à la maison. Quelques notables sortaient du lot pour représenter et porter ce village. Entre tensions sous-jacentes, désirs réprimés, et vie rêvées refoulées, un lieu apparaît comme une soupape de décompression. Ce lieu est habité par une femme troublant le quotidien, et apportant une porte de sortie pour chacun et chacune : un endroit ou déverser son ennui, ou espérer des réponses. L'équilibre incertain du village incarné en la plumeuse d'oie.
Chacun cherche et tente de prendre sa part de bonheur dans une vie marquée par les difficultés et les frustrations. Un équilibre fragile qui se joue en permanence, comme une roue qui tourne, faisant basculer tour à tout moments tragiques et jours heureux.
Au centre, avec le personnage énigmatique de la plumeuse d'oie qui magnétise la population, on trouvera la douceur dans un monde de brute. On comprendra la bienveillance de celle qui est bien plus qu'une plumeuse d'oies, dans l'acceptation totale et sans question de la misère humaine.
Peau de sang n'épargne rien ni personne. Peau de sang est. Peau de sang se revendique en silence, sans ostentation mais sans jamais dévier, à la manière d'un oracle qui comprend la marche du monde. Enchanteresse ou diablesse, mère ou catin, elle est une porte ouverte, sans jugement, permettant à tous d'avancer.
Un roman qui bouscule les codes littéraires et fait résonner la voix des hommes et des femmes en totale liberté de ton . Avis aux curieux et lecteurs avertis !
Les références du livre :
Audrée WIHELMY, Peau-de-sang, Le Tripode, Août 2024, 240p.
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Un peu inquiétant tout çà, mais sûrement interessant....
RépondreSupprimerMerci Laurette.
Ana Nonyme